dimanche 27 juillet 2014

Réflexions et pensées : Société de consommation et déculturation

Ceux qui ne cherchent pas constamment à assouvir des rêves, étant par conséquent, sauf cas particuliers, plus inscrits dans la réalité que ceux ayant un comportement inverse, vivent davantage les choses, peut-être émotionnellement moins intensément, mais le but est-il de vivre émotionnellement plus intensément les choses ou de les vivre plus authentiquement ?
Beaucoup de gens se servent des rêves comme d’autres recourent à des drogues pour fuir, pour sublimer la réalité. Ils sont en grande partie ce qu’a fait d’eux la société de consommation, qui leur vend des rêves à la chaîne, avec promesse de bonheur, de bien-être, de plaisir et de joie à la clé, jusqu’à la prochaine crise de manque, de frustration, de tristesse et d’angoisse que l’on soignera par un autre achat.
Une personne souhaitant rester inscrite dans la réalité, car consciente que toujours courir après les rêves proposés par le système marchand conduit à étouffer le réel sous les désirs et les plaisirs médiocres d’une vie surfaite, n’est pas intéressante pour ledit système. C’est pour cette raison, entre autres, que l’on cherche à nous déculturer, car la culture est un héritage à partir duquel nous sommes en mesure de structurer notre identité au sein d’une communauté. En nous déculturant, on nous vide de ce qui nous permet d’être nous-mêmes, pour empêcher que nous puissions nous alimenter de ce qui ferait de nous des individus construits et sereins. Non, la société de consommation a besoin d’individus déconstruits, vidés de leur culture et donc, comme je l’ai dit, de ce qui fait leur identité, elle a besoin de les frustrer d’eux-mêmes en quelque sorte, afin de pouvoir chercher à compenser, à éteindre artificiellement cette frustration en faisant d’eux des drogués de la consommation. Ses faux remèdes, elle ne peut les vendre qu’à des gens égarés.
Elle se propose donc finalement, au sens large, de nous empêcher d’être frustrés, en même temps qu’elle fait tout pour nous amener et nous maintenir dans la frustration, afin que nous cherchions toujours à éteindre cette dernière par l’achat des produits de sa grande pharmacie.